FAIRE SON TRAVAIL DE PARENTS
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En quoi ce stade conditionne-t-il l’accès à la loi ?
Tant qu’un enfant a besoin des mains de sa mère, il n’a pas conscience de lui-même, il n’est pas « un ». Il ne peut donc pas se mettre à la place de l’autre. Or ressentir l’empathie lui est essentiel pour intégrer les deux interdits majeurs, entre 18 mois et 3 ans : ne pas nuire à autrui et ne pas porter atteinte à ses biens. Pour intégrer ces règles de la vie sociale, il a aussi besoin de rencontrer d’autres enfants.
Autre difficulté que vous évoquez: l’interdit de l’inceste mal posé…
De 3 à 7 ans, l’enfant est dans l’œdipe. Il faut lui signifier l’interdit de l’inceste, sans cela on risque de freiner son développement. J’ai vu des petits qui n’arrivaient pas à apprendre à lire parce qu’ils dormaient dans le lit de leur mère et se prenaient pour le mari. Il suffit souvent de rectifier le tir pour qu’ils rattrapent leur retard.
Après une phase de latence psychique, entre 8 et 11 ans, surviennent les tumultes de l’adolescence, où l’autorité se transforme souvent en bras de fer …
On ne laisse pas un ado sortir à n’importe quelle heure, n’importe où et avec n’importe qui. Les parents doivent lui expliquer qu’ils font leur boulot de parents. « Tant que tu n’as pas 18 ans et que je suis responsable de toi, c’est moi qui décide des règles de la vie quotidienne. » Mais il est important aussi de respecter sa maturité grandissante. Il est un « devenant adulte », pas encore un adulte.
La culpabilité ronge de nombreux parents. Est-il possible d’éviter de mal faire ?
Je ne crois pas aux parents laxistes ou incompétents. Mais leurs capacités à être parents sont souvent entravées par leur histoire. Une mère peut se faire tyranniser par son enfant comme elle l’a été par sa mère, sa sœur ou son père. Il suffit généralement de régler les problèmes des parents pour aider l’enfant. On peut toujours réparer.
Le titre de votre livre Grandir, désigne-t-il autant les parents que leurs enfants ?
Être parent ne s’improvise pas. Ce rôle nécessite l’acquisition d’un savoir. Or ce savoir « être parent » ne se transmet plus, car les familles sont éclatées géographiquement. Et les psys s’inscrivent dans cette faille. Mais je crois fondamentalement que les parents sont les architectes de la construction de leur enfant. C’est cela que je veux leur transmettre : offrir un manuel et une caisse à outils, pour redonner aux parents confiance en eux.
(1) Grandir, éditions Fayard.